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HISTOIRE DE LA MAISON DU TERRAUX : 1658 - 1772
La
maison et la parcelle sur laquelle elle est sise sont le résultat
d'une série d'achats et de regroupements de biens fonds et de
bâtiments qui se sont succédé pendant plus de trois siècles.
La
première mention ressort d'un acte reçu A. Guyenet, notaire, le
25 février 1658 , par lequel Nicolas Verdonnet acquiert les biens
de son père François (ou Frantz) Verdonnet.
De ce François Verdonnet nous ne savons que très peu de choses
; il fut notaire et maire et il fit faillite comme l'atteste le
texte de l'acte :
" Bien
reconnus précédemment par égrège Nicolas Verdonnet acquis au decret
des biens de feu le Mayre François Verdonnet."
Il
semble avoir joué un rôle officiel dans les institutions de Môtiers
puisque sa signature se retrouve sur divers documents aux archives
du village.
La
deuxième mention des parcelles ressort du recensement de Môtiers
du 11 janvier 1659 par Vinet, et la troisième, du recensement
du fief du Terraux de 1662. Ces listes avaient pour fonction d'inventorier
les propriétés soumises au cens, c'est-à-dire à un impôt sur la
fortune.
L'inventaire
des biens immobiliers de Frantz ou François du Terraux et son
épouse Magdelaine d'Erlach nous donne les indications suivantes
:
1659
Noble
François du Terraux, gentilhomme du Vauxtravers, fils de feu noble
Jean Rodolphe du Terraux, de son vivant capitaine et châtelin
du Vauxtravers, ffeu Antoine, tient pour lui et sa femme Magdelaine
ffeu François-Louis d'Erlach, à Môtiers, la moitié d'une maison,
chesaux, clos, champ, chènevière et appartenances. En joran, vent:
hoirs de noble Jean Rodolphe du Terraux, bize et joran: la charrière
publique, uberre: "la maison de discret François Verdonnet au
nom de Rosaz Rougemont sa femme partie nouvellement de la présente"
Cens dû au fief du Terraux.
1662
Frantz
du Terraux et sa femme tiennent en leur particulier des biens
reconnus devant Thomasset, par François Verdonnet, à savoir la
moÿtié de vers le joran de deux maÿsons, chesaux, clods, curtil,
place, aysances et appartenances gisant au village de Mostier.
Vent: le champ du dit Frantz, bise et joran: la charrière, uberre:
l'autre moitié à François Verdonnet, notaire.
De
François du Terraux nous apprenons donc qu'il était "Gentillhomme
du Vauxtravers, fils de Jean Rodolphe du Terraux de son vivant
capitaine et châtelain du Vauxtravers" et qu'il a lui aussi
exercé des fonctions au sein des autorités de Môtiers. Son nom
est cité en premier lieu sur les procès verbaux du conseil "des
vingt et quattres" (Conseil Général institué en 1664).
Il
est donc propriétaire avec son épouse d'une maison mitoyenne et
de diverses dépendances. Il n'existe aucun plan de la maison à
cette époque, car le relevé topographique d'Abraham Guyennet (1738)
se trouvant aux archives de l'Etat ne relève pas les bâtiments
dépendants du cens dû au fief du Terraux, ayant été commandité
pour servir au cens du Prieuré. De ce fait, toute une partie du
village de Môtiers et plus particulièrement la Grande Rue, qui
était soumise au fief du Terraux, n'y figurent pas.
1664
Louys,
ffeu noble Pierre Guy (conseiller d'Etat) cède par échange à noble
Frantz du Terraux de Môtiers, et sa femme, Magdelaine d'Erlach,
tout les droits qu'il peut avoir sur la maison ayant appartenu
à Frantz Verdonnet, notaire, située au village de Môtiers, (...)
acte reçu Abraham Du Terraux, notaire, le 5 mars 1664.
1667
Frantz
de Diesse, de Môtiers au Vauxtravers, vend à Noble Frantz Du Terraux,
de Môtiers, "un morcel de terre ou il y avoit anciennement une
marchusserie avec la terre par boines du costé devers bize et
uberre de ladite marchusserie, gisant en la place de la maison
dudit Sr achepteur, au village dudit Mostier..." Vent, bize et
joran: l'acheteur. Uberre : l'allée réservée pour la taxe de Messieurs
les Guy.
En
1664, par échange, François du Terraux et sa femme acquièrent
ainsi un autre bien ayant appartenu à François Verdonnet, qui
l'avait entre temps vendu à Louys Guy, vraisemblablement la maison
en uberre citée dans l'acte de 1662. Ils sont ainsi propriétaires
des immeubles mitoyens faisant l'angle entre la Grande Rue et
l'actuelle Rue Rousseau.
La
propriété du Terraux a maintenant la forme et contenance qu'elle
aura pendant environ un siècle. Elle est composée d'un ensemble
comprenant une maison mitoyenne à l'angle nord-est, d'un bâtiment
séparé par une cour ou jardin, le tout clos par un mur.
Une des seules
représentations iconographiques connues est un plan établi en
1753, non-publié, reproduit ici avec l'autorisation de M. J.-J.
de Tribolet-Hardy :
La
propriété figure sous lettre B. A l'angle sud-est de la propriété,
figure une porte donnant accès à un chemin qui pourrait être "l'allée
réservée pour la taxe de Messieurs les Guy". Cette hypothèse est
plausible puisque cette allée - parcelle n° 1133 - est encore
aujourd'hui copropriété des deux fonds voisins.
Il
est difficile de se faire une idée de l'état de la maison avant
cette campagne de travaux faute de plans complets et d'iconographie
fiable. Nous en sommes réduits à des hypothèses élaborées avec
l'aimable collaboration de M. Francesco Espina, architecte à Couvet.
Selon
ce dernier, interprétant la charpente existante et le plan ci-dessous
trouvé dans le grenier, il est probable que la maison avait l'apparence
d'une ferme neuchâteloise au toit asymétrique.
En
examinant ces plans, nous remarquons que la façade nord (à main
gauche) était en maçonnerie au rez-de-chaussée et en bois au premier
étage alors que la face sud était en maçonnerie plus épaisse sur
deux étages. Cette différence est vraisemblablement due à un usage
agricole au nord et d'habitat au sud.
En
comparant la largeur indiquée sur ce plan, soit 39 pieds à la
largeur après les travaux soit 80 à 85 pieds suivant les documents,
on peut imaginer que la maison primitive ou certaines parties
de celle-ci, ont subsisté et sont encore visibles aujourd'hui
ainsi que cela ressort de la photo ci-après.
A
l'est en tout cas, la maison neuve englobe l'ancienne comme en
témoignent les fenêtres de l'ancienne façade donnant aujourd'hui
sur le hall et l'ancienne entrée au rez-de-chaussée recouvertre
par la volée de l'escalier du hall du XVIIIe siècle.
Une
autre représentation iconographique de la propriété est celle
de Laborde et Zurlauben à propos de laquelle François Matthey
explique :
"On
ira jusqu'à modifier la topographie pour satisfaire le public.
La planche 84 offre une vue générale de la Grande Rue de Môtiers
avec au fond la cascade tombant du vallon de Riau, au centre la
fontaine sous les grands arbres de l'allée, et la maison de Jean-Jacques,
déplacée et tournée dans l'alignement de la rue pour nous montrer
un détail significatif : la galerie de bois où il se promenait
dans les mauvais temps." (Revue Neuchâteloise n°70, 1975)
suite : Maison du terraux : 1762 - 1831
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